Reportages
Interviews
La démarche d’accueil au centre de loisirs municipal de Saint-Nabord
Le centre de loisirs municipal de Saint-Nabord en 2009 fait l’initiative d’une expérimentation de la démarche d’accueil du Collectif. Ce reportage rassemble les témoignages des acteurs de cette démarche.
Reportage Vosges Télévision
Une équipe de journalistes de Vosges Télévision a réalisé un reportage vidéo pour valoriser la démarche d’inclusion mise en place depuis plusieurs années au centre de loisirs municipal de Saint-Nabord.
Centre Social de Bitola-Champbeauvert, une expérience à partager
Mme François, directrice du Centre Social Bitola Champbeauvert et Mme Gatinel, Présidente de l’Association des habitants du quartier du Champ du Pin/Champbeauvert nous expliquent leur projet d’accueil.
Depuis quand accueillez-vous des enfants en situation de handicap sur votre centre de loisirs ?
Le projet social 2009-2012 a positionné parmi ses priorités celle relative à l’accueil des usagers en situation de handicap. De plus, cet objectif de plus et de mieux accueillir s’inscrivait dans le cadre de l’application de la loi du 11 février 2005.
Comment a évolué ce projet d’accueil dans le temps ?
Jusqu’en 2012, il y avait environ 4 enfants en situation de handicap accueillis sur le centre social. Aujourd’hui en 2015, 24 enfants fréquentent les différents modes d’accueils (Halte-garderie, périscolaire, aide aux devoirs, accueil adolescents). En juin 2012, le comité de gestion du centre social a pris la décision de créer un poste de monitrice éducatrice. Cette embauche a permis de structurer et de développer notre accueil en faveur des enfants en situation de handicap.
Comment avez-vous accompagné les animateurs lors des premiers accueils puis par la suite ?
Un travail d’émergence des questionnements, des interrogations a été mis en place. Les animateurs ont également pu rencontrer une personne de l’APF (Association des Paralysés de France). De plus, une formation au changement a été organisée pour justement accompagner les équipes face à ces accueils de nouveaux publics. Mais, l’accompagnement des équipes est une préoccupation constante. C’est pour cela que régulièrement nous proposons des formations en interne. Par exemple, en 2013, une personne de Loisirs Pluriel, organisme en Bretagne, qui organise des accueils mixtes est venue sur une journée former nos animateurs.
Sur quels financements vous appuyez-vous pour mettre en place votre projet d’accueil ?
Le projet a pu voir le jour avec le soutien financier de la Fondation de France et de la CAF des Vosges. Puis, à partir de la deuxième année, la ville d’Epinal a remplacé la Fondation de France au côté de la CAF des Vosges.
Quelles adaptations avez-vous mis en place pour prendre en compte ces besoins particuliers ?
L’accueil de tous les enfants s’inscrit dans une politique globale qui met l’accent sur la qualité. Et c’est pour cette raison que nous mettons en oeuvre des taux d’encadrement supérieur au minimum légal. Par exemple, chez les moins de 6 ans, c’est un animateur pour 6 enfants et chez les plus de 6 ans, c’est un animateur pour 8 enfants. A ce sujet, nous ne participons à l’organisation des NAP (Nouvelles Activités Périscolaires) à la condition que les taux d’encadrement des ALSH soient pris en compte et appliqués. Vous voyez, nous avons une approche globale et cohérence en terme de la qualité de l’encadrement.
Quel bilan pourriez-vous dresser du projet d’accueil sur le centre social ?
Le bilan est très positif ! Notre politique globale d’accueil a contribué au changement de regard des personnes ordinaires vers le handicap. Sur le quartier, on peut constater une grande tolérance vis-à -vis des différences. C’est devenu commun, ordinaire. Rendre possible l’accueil des enfants en situation de handicap, c’est aussi permettre le droit au répit pour les parents. Et l’exemple d’une maman de deux enfants autistes est révélateur. Lorsque nous avons accueilli ses enfants au centre social, elle nous a confié que c’était la première fois en 15 ans qu’elle pouvait prendre une demi-journée pour elle. Il y a aussi l’exemple de cette maman qui a pu continuer à travailler grâce à l’accueil en périscolaire que nous proposons à son enfant.
Aujourd’hui, quelles sont les améliorations à mettre en oeuvre ?
Notre capacité de bien accueillir les enfants en situation de handicap est reconnue par les parents mais aussi par les partenaires du médico-social. Il faut maintenant, davantage mettre l’accent sur l’adaptation des activités. Par exemple, si les animateurs vont dans un gymnase faire pratiquer des jeux sportifs, il faut qu’ils pensent à inclure un enfant en fauteuil roulant, notamment en réfléchissant au rôle qu’on pourrait lui confier. De la même manière, un groupe d’adultes de l’APF occupe une salle du centre social tous les vendredis. Or jusqu’à présent, nous n’avons pas encore organisé d’activités mixtes avec des habitants du quartier. Mettre en place des activités communes sera un objectif des prochains mois.
Vos perspectives ?
Nous pensons arriver au maximum de nos capacités d’accueil avec 24 enfants. Notre préoccupation est de garantir un accueil de qualité pour les enfants et leur famille mais aussi d’être vigilant sur les conditions de travail des animateurs. Nous devons être attentif sur tous les signes de saturation de la part de nos équipes. Une inclusion réussie implique nécessairement le bien être de tous.
Au centre de loisirs de Chavelot
Delphine MICLO, directrice du centre de loisirs de Chavelot (88150)
Depuis quand accueillez-vous des enfants en situation de handicap sur votre centre de loisirs ?
En 2007, pour la première fois nous avons accueilli Léonie, une fillette de 4 ans qui avait des problèmes de hanches qui l’empêchaient de marcher longtemps, de courir ou de monter les escaliers.
Comment est née cette volonté d’accueillir des enfants en situation de handicap ?
Avant d’être une demande, au départ, c’est un besoin ! C’est la réponse à un besoin. En tant que service public, on se devait de répondre au besoin de cette famille d’être accueilli à la cantine et à la garderie.
Avez-vous connu des résistances à l’accueil des enfants en situation de handicap ?
Aucune résistance de la part des animateurs, des élus, des autres parents. La seule question posée par le maire a été : Pouvons-nous bien accueillir l’enfant ?
Avez-vous rencontré des difficultés lors de l’accueil des enfants en situation de handicap ?
Pas de difficultés ! Par exemple, pour le transport de Léonie vers la cantine nous avons loué un bus adapté. Et c’est la commune qui a pris en charge la location de ce mini-bus équipé pour le transport d’une personne en fauteuil roulant. D’ailleurs la mairie a précisé dans son contrat de location de mini-bus avec le transporteur prestaire que le centre de loisirs de Chavelot est susceptible d’accueillir un enfant en fauteuil roulant.
Quels sont les besoins spécifiques des enfants en situation de handicap que vous accueillez ?
Cette année, une situation de handicap est vécue par Julia 5 ans victime d’un accident à l’école qui a nécessité une opération chirurgicale lui occasionnant une paralysie de tout le bras gauche jusqu’à l’épaule. Aussi, le temps de convalescence, il faut éviter qu’elle ne courre. On est aussi vigilant à ce qu’elle ne perde pas l’équilibre du fait de son bras bloqué.
Quelles adaptations avez-vous mis en place pour prendre en compte ces besoins particuliers ?
Mis à part le transport, nous n’avons pas mis en place d’adaptation spécifique pour Léonie car le rehausseur utilisé pour le repas était le même que pour les autres enfants. La seule adaptation peut-être c’est qu’on utilisait une table plus haute en garderie pour faire goûter Léonie. Dans le cas de Julia, en cas de sortie, on demande à la maman de nous prêter une poussette. Et pour les jeux on adapte les règles, par exemple, au jeu des cercles musicaux on marche au lieu de courir.
Au niveau de l’équipe d’animation, comment faites-vous pour que l’accueil d’un enfants en situation de handicap soit pris en compte collectivement par l’ensemble des animateurs ?
Nous ne sommes pas dans l’optique d’un animateur référent : pas de particularismes. Un des atouts de notre équipe c’est qu’elle se connaît bien ce qui nous permet de travailler de manière coordonnée.Tout au long de la journée, échanges d’informations réciproques au sein de l’équipe pédagogique.
Quelles sont vos relations avec la famille ?
De mon point de vue, il est important de jouer franc jeu avec les parents. De plus, le fait que je connaisse bien les parents de Julia me permet d’établir un lien de confiance. Et ainsi d’échanger sur ce qui est possible et sur ce qui n’est pas possible en fonction des besoins de l’enfant.
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il faut faire pour bien accueillir un enfants en situation de handicap en ACM ?
Voir les parents pour se mettre au clair sur ce que l’enfant peut faire et ne pas faire et aussi ce que les parents sont capables d’accepter. Il faut faire prendre conscience qu’il y aura des choses non adaptables. Exemple : un mur d’escalade. J’accorde beaucoup d’importance au fait de leur faire prendre conscience que leur enfant parfois devra attendre. Mais au final, très peu d’activités ne sont pas adaptables.
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il ne faut pas faire pour bien accueillir un enfant en situation de handicap en ACM ?
Ne pas adapter à l’extrême. Ne pas s’interdire de faire telle activité ou telle sortie car un enfant en situation de handicap est inscrit. Car pour le coup on s’adapterait pas aux autres enfants. Par exemple, s’interdire d’aller à l’accrobranche car Julia est inscrite. Dans ce cas, j’ai vu avec les parents pour leur expliquer que l’adaptation pour faire participer leur fille à cette sortie n’était pas possible. Exceptionnellement, Julia n’ait pas venu ce jour-là . Mais le jour o๠nous sommes allé au zoo d’Amnéville, Julia est venu. Pour la soulager, on avait prévu une poussette.
Pour vous, quelles sont les priorités pour améliorer l’accueil des enfants en situation de handicap en ACM ?
Ne pas dramatiser l’accueil. Ce sont avant tout des enfants. En réunion de préparation, je ne dis pas aux animateurs on va accueillir tel ou tel handicap, je parle des besoins à prendre en compte de l’ensemble des enfants inscrits.
Pour vous, quels conseils pour une équipe qui n’a jamais accueilli un enfant en situation de handicap en ACM ?
Que ce n’est pas si dur ! On trouve des solutions, des adaptations. On le fait toute l’année sans s’en rendre compte. Ce sont des choses qu’on fait au quotidien sans même sans rendre compte. On s’adapte toute l’année donc il n’est pas plus dur de s’adapter pour une nouvelle situation. Au final, ce sont des peurs d’adultes plus que des appréhensions d’enfants. Par exemple, les enfants veillent sur Julia. Ils l’aident sans qu’il y ait besoin de leur demander. Ils aident spontanément.
Centre de loisirs d’Igney : accueil pour enfants en situation d’handicap
Interview de Valérie Saudin directrice du centre de loisirs et de l’accueil périscolaire et Mme Queyreyre, 3ème adjointe en charge des affaires scolaires et périscolaires. Aujourd’hui au centre de loisir d’Igney, elles nous parlent de leur accueil pour des enfants en situation d’handicap.
Depuis quand accueillez-vous des enfants en situation de handicap sur votre centre de loisirs et quelle est l’origine de ces accueils ?
Depuis environ 15 ans. À l’époque plusieurs enfants de la commune en situation de handicap fréquentés les écoles de la ville. Et dans la continuité de cette scolarisation, nous les avons aussi accueillis sur le centre de loisirs. Une politique volontariste d’accueil s’est alors engagée pour perdurer encore aujourd’hui.
Avez-vous connu des résistances à l’accueil des enfants en situation de handicap ?
Non au contraire, et je voudrais insister sur l’importance d’être suivi et soutenu par les élus. Le choix politique fort en faveur de l’enfance et de la jeunesse sur notre commune se traduit par une embauche de plus d’animateur que ne l’impose la loi. Ce qui nous permet d’offrir aux enfants et à leur famille, un taux d’encadrement supérieur.
Avez-vous connu des difficultés lors de ces différents accueils ?
La seule fois où l’on eu des difficultés c’était il y a 15 ans lors de l’accueil d’un garçon non-voyant. Nous n’étions pas bien préparé, et avec le recul je pense qu’on n’a pas vraiment bien géré cet accueil. Aujourd’hui, on s’y prendrait autrement en sollicitant le réseau qui se constitue dans le département.
Au niveau de l’équipe d’animation, comment faites-vous pour que l’accueil d’un enfant en situation de handicap soit pris en compte collectivement par l’ensemble des animateurs ?
Pas de système spécial mis en place, pas d’un animateur référent en permanence avec l’enfant. On considère que c’est important pour son ouverture d’esprit.
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il faut faire pour bien accueillir un enfant en situation de handicap en ACM ?
La formation ou à tout le moins la sensibilisation au handicap. Par exemple, Karl, animateur sur les grands est sensibilisé sur l’accueil des enfants en situation de handicap car lorsqu’il était enfant inscrit au centre de loisirs de Chavelot, il a lui-même jouait avec des enfants en situation de handicap. Et cette expérience lui sert aujourd’hui pour accueillir Romain. De plus, l’échange d’informations entre les parents et les animateurs est crucial.
Pour vous, quelles sont les priorités pour améliorer l’accueil des enfants en situation de handicap en ACM ?
Pour le bien de l’enfant, il serait judicieux que les équipes des centres de loisirs puissent échanger avec les enseignants, car on fait des choses différentes mais qui se complètent. Cette complémentarité éducative permettrait un meilleur suivi de l’enfant. Travailler ensemble pour agir de manière cohérente et globale. Se parler pour faire en sorte qu’on aille tous dans le même sens.
Centre social de Bitola-Champbeauvert : l’animatrice référente
Interview de Margaux Parrot, coordinatrice référente handicap du centre social Bitola-Champbeauvert, monitrice éducatrice de formation
Quelles sont vos missions en tant que coordinatrice référente handicap ?
Faciliter l’accueil des enfants et de leur famille, tel est le cadre de mes missions. Je rencontre la famille et ensemble nous mettons en place le protocole d’accueil. Je fais le lien avec les équipes d’animation. Je fais aussi le lien avec les partenaires médico-sociaux. Je suis amené à soutenir d’autres structures éducatives pour les aider à mettre en place un accueil pour des enfants en situation de handicap.
Comment se déroule le protocole d’accueil au centre social ?
Le but est d’identifier les besoins de l’enfant et d’adapter l’accueil en conséquence. Je reçois les parents pour leur présenter la structure et pour connaître les besoins de leur enfant. Lors des premiers accueils, je suis présente en observation pour mieux appréhender les adaptations nécessaires. Et lorsque l’équipe se sent prête, je me détache du groupe. Le but est que l’enfant soit inclus auprès de ses camarades. Toutefois, il existe des situations particulières qui nécessite un accompagnement individualisé. Sur les 24 enfants en situation de handicap accueillis, un quart demande une présence constante auprès d’eux.
Quelles relations entretenez-vous avec les autres partenaires éducatifs ou médico-sociaux ?
Le projet d’accueil du centre social est non seulement connu mais aussi reconnu par l’ensemble des intervenants. Ainsi, je travaille en étroite collaboration avec l’APF (Association des Paralysés de France), le SESSAD, l’hôpital de jour, les CLIS, des IME, les enseignants. Notamment, je suis invité aux réunions avec l’enseignement référent. Et je suis aussi convié avec l’accord des parents aux synthèses par les institutions spécialisées. Ces échanges avec d’autres professionnels est un vrai plus car en partageant nos visions sur l’enfant, on s’enrichit mutuellement dans le but d’améliorer la qualité de nos accueils respectifs. De plus, connaître leurs pratiques relatives aux repas, à la propreté, à la communication permet d’inscrire notre accueil dans une cohérence globale pour l’enfant. On organise aussi ensemble des activités communes. Par exemple, avec le SESSAD, on met en place des ateliers cuisine mixtes. Et avec l’APF, on organise des sorties communes comme par exemple un match de basket.
Quels seraient vos conseils pour une équipe d’animation qui n’a jamais accueilli un enfant en situation de handicap ?
Bien connaître l’enfant. Et se méfier des préjugés. Prendre le temps de bien expliquer à l’enfant, le rassurer, le valoriser. Je conseille aussi d’éviter l’attachement affectif. Enfin, attention à la saturation qui peut être source de maltraitance. Il faut savoir passer le relais.
Pouvez-vous nous faire part d’un exemple de progrès réalisés par un enfant en situation de handicap accueilli au centre social ?
Un jeune garçon présentant des troubles autistiques qui a fréquenté la halte-garderie a bien évolué. Au début, il était très renfermé sur lui-même. Grâce à ses parents et à tous les intervenants parmi lesquels les animateurs du centre social, maintenant, il sourit, il ne fuit plus le regard et se retourne quand on l’appelle par son prénom.
Si vous deviez résumer votre expérience de coordinatrice référente handicap en trois mots ?
Adaptation, bienveillance et patience.
Centre social de Bitola-Champbeauvert : La responsable enfance-jeunesse témoigne
Mme SACHOT, responsable du secteur enfance-jeunesse du centre social Bitola-Champbeauvert
Comment est née cette volonté d’accueillir des enfants en situation de handicap ?
L’élément déclencheur du projet a été le départ en formation (CAFDES) de la directrice du centre social. De plus, dans le cadre de mon DEFA, j’ai moi-même été animatrice à l’APF (Association des Paralysés de France). C’est cette sensibilité autour de la question de l’accueil des personnes en situation de handicap en milieu ordinaire qui a constitué la base du projet.
Avez-vous connu des résistances et difficultés lors de l’accueil des enfants en situation de handicap ?
Accueillir tous les enfants quelles que soient leurs différences en milieu ordinaire est un cheminement. C’est un processus qui s’inscrit dans le temps. Ce projet d’accueil se construit tout doucement petit à petit. Au départ, il a fallu travailler avec les animateurs sur leurs représentations sur le handicap. Des sensibilisations, des formations ont été mises en place. Bien sûr, il a fallu dépasser la résistance au changement. L’objectif était de rassurer nos équipes sur leurs capacités à faire et à bien faire.
Pouvez-vous nous expliquer la démarche d’accueil au centre de loisirs ?
Notre démarche d’accueil s’appuie sur un principe essentiel : ne pas reproduire une spécialisation au sein du milieu ordinaire. Nous tenons à accueillir en fonction du rythme et des capacités de chacun au milieu des autres. Il ne faut jamais perdre de vue que les adaptations matérielles et pédagogiques sont bénéfiques pour l’ensemble des enfants. On inscrit très clairement nos accueils dans une démarche inclusive. Notre projet consiste à faire en sorte que l’accueil accompagné par la référente handicap du centre social évolue vers un accueil pris en compte par les équipes pédagogiques. Cette notion d’équipe est très importante. Un animateur n’est jamais seul face à une situation. Nous agissons en complémentarité avec l’idée que chacun peut passer le relais en cas de difficulté. Enfin, une animatrice a fait une formation AMP en alternance. Et ses compétences d’Aide Médico-Psychologique sont un plus pour l’équipe et pour le projet d’accueil du centre social.
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il faut faire pour bien accueillir un enfants en situation de handicap en ACM ?
Adaptation et contact avec la famille. La relation de confiance aux familles se construit. Elle s’entretient, je dirais même qu’elle se cultive. J’ai pu constater par exemple que souvent les familles sont dans la retenue au début. Et peu à peu avec ce dialogue qui s’instaure, elles vont oser de plus en plus, car elles auront davantage confiance.
Comment envisagez-vous la suite du projet d’accueil sur le centre social ?
Le projet continue d’évoluer. Nous ne sommes pas une institution spécialisée. Nous sommes une structure socio-culturelle du milieu ordinaire et nous travaillons en relation étroite avec de nombreux partenaires. Un accueil se construit forcément à plusieurs. Nous avons réussi à créer et à développer un réseau. Les outils que nous avons mis en place comme le protocole d’accueil qui sert à mieux connaître les besoins et capacités de l’enfant sont partagés avec les différents professionnels médico-sociaux et avec les parents. Et j’insiste sur le fait d’associer dès le départ tous les acteurs éducatifs intervenant auprès de l’enfant.
Gaetanelle animatrice BAFA, nous parle de son expérience
Interview de Gaetanelle Briere en service civique et titulaire du BAFA qui a pour projet professionnel de devenir monitrice-éducatrice. Aujourd’hui au centre de loisir d’Igney, elle nous parle de son expérience avec des enfants en situation d’handicap.
Quels sont les besoins spécifiques des enfants en situation de handicap que vous accueillez ?
Nous accueillons cet été Romain âgé de 7 ans qui présente des troubles autistiques. Il a besoin d’attention et de stabilité car il appréhende le changement. Il a aussi besoin qu’on lui pose des limites simples et claires. En bref, comme pour tous les enfants, il a besoin de repères.
Comment l’accueil de Romain est pris en compte collectivement pour l’ensemble des animateurs ?
Avec Karl, un collègue animateur, nous informons et guidons les nouveaux animateurs pour les aider à savoir réagir en cas de crise par exemple. On s’échange des informations à midi et le soir en réunion d’équipe. Romain n’a pas d’animateur référent désigné. Tous les animateurs sont en capacité d’encadrer Romain et faire en sorte qu’il soit intégré avec les autres enfants.
As-tu du faire face à des situations difficiles ? Quelles ont été tes réactions et celles de l’équipe d’animation ?
Romain peut être sujet parfois à des crises avec manifestations de violence. En juillet, en me tirant le bras il m’a luxé le coude ce qui a nécessité un arrêt de travail. En cas de crise de colère : il faut lui permettre de s’exprimer physiquement. En cas de crise, il exprime le besoin de bouger et souvent il demande un ballon ou un cerceau.
Quels seraient tes conseils pour une équipe d’animation qui n’a jamais accueilli un enfant en situation de handicap ?
Ne pas avoir peur du handicap, parler avec les parents de ce qu’il faut et de ce qu’il ne faut pas faire. Par exemple, une bonne communication est la base d’un accueil de qualité, on prépare la sortie avec la maman. La maman nous avait dit « il a peur des animaux ». Sur la base de cette information, lors d’une sortie dans un parc animalier, j’ai prévenu Romain de ce qu’on allait voir pour qu’il ne soit pas surpris et qu’il n ait pas peur.
As-tu développé des méthodes de travail ou des supports pédagogiques (jeux) ?
J’ai mis en place des activités communes pour faire participer tous les enfants : par exemple, un animateur aide ou un enfant plus grand est son complice sur le jeu, une sorte de parrainage entre enfants. Autre exemple, au cours d’un grand jeu lors d’un parcours sportif, un copain était près de lui pour le guider.
Avec cette expérience, qu’est-ce que tu as appris sur ton rôle d’animateur et sur toi personnellement ?
En tant qu’animatrice j’ai développé ma capacité à m’adapter aux besoins des enfants. En effet, tous les enfants n’ont pas les mêmes capacités. J’ai aussi appris à davantage m’organiser.
L’accueil au centre de loisirs de Chantraine
Sophie Arnould, animatrice territoriale, directrice du centre de loisirs et de l’accueil périscolaire titulaire du BAFA et du BAFD.
Depuis quand accueillez-vous des enfants en situation de handicap sur votre centre de loisirs ?
Depuis une dizaine d’année, nous accueillons des enfants en situation de handicap au centre de loisirs de Chantraine. Julien, garçon de 7 ans trisomique a été le premier. Sa mère par crainte d’avoir un refus n’avait rien écrit sur la fiche sanitaire. C’est justement à la suite de son accueil en milieu ordinaire qu’un diagnostic a été posé. Julien est venu jusqu’à ses 17 ans à l’accueil jeunes organisé par la commune.
Comment est née cette volonté d’accueillir des enfants en situation de handicap ?
Au début, tous les enfants en situation de handicap qu’on a accueilli ont été inscrits par leurs parents sans nous prévenir de leurs besoins particuliers. On a rapidement compris que c’était un besoin. Et avec le soutien indéfectible de la municipalité, jusqu’à présent, j’ai pu accueillir tous les enfants quelles que soient leurs différences.
Avez-vous rencontré des difficultés d’ordre matériel lors des différents accueils des enfants en situation de handicap ?
Nous n’avons pas eu d’adaptation matérielle à mettre en place. Mais si une demande concernant un handicap moteur se présentait je rechercherai de l’information et des contacts pour pouvoir accueillir au mieux.
Quelle est votre démarche d’accueil ?
Je ne mets pas en place de protocole d’accueil formel. C’est avant tout la discussion avec la famille qui est au coeur de notre accueil. On prend le temps d’échanger avec les parents pour s’informer de manière réciproque. Pas d’animateur spécialisé ni d’activité spéciale pour Clara. Si un animateur référent l’accompagne parfois, elle participe à toutes les activités dans la mesure des possibilités des adaptations.
Quels sont les besoins particuliers des enfants en situation de handicap que vous accueillez ?
Actuellement, nous accueillons Clara 9 ans qui est atteinte d’une maladie génétique orpheline. Clara ne parle pas et elle ne peut pas marcher longtemps. Nous sommes vigilants à son degré de fatigue car elle est plus vite fatiguable.
Quelles adaptations avez-vous mis en place pour prendre en compte ses besoins particuliers ?
Afin d’aider les animateurs et Clara à communiquer, sa mère nous a confié son carnet personnel de langue des signes. Sinon, pas d’adaptation spécifique dans la mesure o๠ce qu’on met en place pour Clara comme la possibilité de décrocher d’une activité pour aller jouer dans un coin permanent aménagé est aussi offerte aux autres enfants. On est très attentifs au rythme de vie de Clara. Ainsi, en concertation avec sa mère on a mis en place un accueil progressif. Parfois, Clara vient une ou deux matinées. Puis la semaine suivante, elle vient deux jours. Mais cette adaptation en fonction des besoins n’est pas réservée qu’à Clara. Cet été, nous accueillons une petite fille qui éprouve beaucoup de difficultés à se séparer de sa mère car elle a vécu de manière fusionnelle avec elle pendant plusieurs années lors d’un séjour à l’étranger. Au final, on adapte pour tous les enfants.
Quelles relations Clara entretient avec les enfants du centre de loisirs ?
Les enfants viennent spontanément l’aider. Je parlerai d’aura de protection. Je dirai qu’ils sont bienveillants. Ils font attention à elle sans en faire trop. D’ailleurs, je n’explique pas dans le détail la maladie de Clara. Je précise juste qu’elle a une différence comme il en existe plein d’autres. Enfin, je précise que je reste à leur disposition s’ils ont des questions et qu’ils souhaitent en parler. Le handicap fait peur car il est peu connu. Et je suis convaincu que si on confronte très tôt les enfants à la différence ils seront plus tolérants une fois devenus adultes. Mon expérience me prouve que les enfants voient l’enfant avant le handicap alors que les adultes ont tendance à voir le handicap avant l’enfant ! On a beaucoup à apprendre des enfants !
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il faut faire pour bien accueillir un enfant en situation de handicap en ACM ?
Je dirai en premier : le dialogue avec la famille. Sans ça pas d’accueil possible ! En deuxième j’insisterai sur le travail en réseau. Par exemple, le groupe de travail animé par les Francas des Vosges nous permet de ne pas nous sentir seul. Ça rassure dans la mesure où on peut venir chercher des conseils auprès de personnes-ressources.
Pour vous, avec votre expérience, ce qu’il ne faut pas faire pour bien accueillir un enfant en situation de handicap en ACM ?
Pour moi, accueillir juste pour accueillir est une erreur. Un accueil doit être réfléchi et préparé de manière globale.
Quels seraient vos conseils pour une équipe d’animation qui n’a jamais accueilli un enfant en situation de handicap ?
Parfois la peur de mal faire peut avoir pour effet de conduire les animateurs à en faire trop. En surprotégeant l’enfant, le risque est de l’accaparer et de l’étouffer. Comme pour tous les enfants, notre objectif, est de développer leur autonomie et de leur permettre de s’épanouir.
Sophie, animatrice au centre de loisirs de Chavelot
Sophie, animatrice au centre de loisirs de CHAVELOT, titulaire du BAFA
Pour vous, pourquoi est-il important de permettre aux enfants en situation de handicap d’être accueilli en Centre de loisirs ?
Pour l’enfant, c’est la possibilité de partager des vacances avec des copains et de ne pas rester s’embêter seul chez lui à ne rien faire. Et pour les parents, le centre de loisirs offre une solution de garde. Sinon l’exemple, d’un petit garçon de 3 ans me fait dire que le partage d’activités de loisirs en collectivité peut être bénéfique. A l’école, il ne parle pas, il ne mange pas seul, il ne tolère pas qu’on lui enlève sa tétine. Au centre de loisirs, cet été, dans un autre contexte, ce petit garçon mange seul . En arrivant le matin, il range sa tétine. Il prononce même quelques mots.
Quels seraient vos conseils pour une équipe d’animation qui n’a jamais accueilli un enfant en situation de handicap ?
Pour moi, accueillir un enfant en situation de handicap, c’est s’adapter à ses besoins tout comme on s’adapte à un enfant turbulent, un enfant qui ne parle pas, un enfant qui a des problème de compréhension. D’ailleurs on ne devrait pas s’arrêter sur telle ou telle spécificité. On devrait parler d’adaptation quotidienne. Car s’adapter c’est notre métier qui veut ça.